Françoise Duroch s’intéresse aux
représentations féminines – femmes souvent perçues à travers le prisme de la
maternité – dans la communication humanitaire, en même temps qu’elle analyse les
processus d’appropriations de Médecins Sans Frontières de la notion « de
violences faites aux femmes ».
Pour les organisations médicales humanitaires, les
violences sexuelles se rapportent essentiellement aux politiques opérationnelles
des agences dont la tâche est de mettre en œuvre une aide effective dans des
contextes complexes comme le souligne l’article de Julia Branchat de
Médecins du Monde. Les opérations montées au Pakistan et en Haïti sont
particulièrement emblématiques des nombreux enjeux auxquels doivent faire face
les organisations humanitaires : octroi des soins médicaux, nécessité d’une
approche transversale… Ces programmes sont souvent délicats à élaborer, à suivre
et à évaluer.
Aymeric Elluin d’Amnesty International interroge, quant à lui, les normes internationales en matière de lutte contre les violences sexuelles ainsi que la défaillance des Etats et la nécessaire mobilisation de la société civile en matière d’application du droit international.
Jane Freedman, professeur de sociologie à l’université Paris 8, questionne la portée des résolutions internationales en tant qu’outil de protection. En effet, ces instruments juridiques sont souvent non contraignants et leur application devrait s’accompagner d’une analyse des rapports de forces globaux qui existent dans toute société et dont les femmes font partie intégrante.
A l’instar de Jane Freedman, Laure Wolmark, psychologue à COMEDE, élabore une approche critique du concept de victime. Elle nous parle de Portraits sans visages, femmes muettes qui servent d’iconographie à l’imagerie humanitaire. Des ambivalences des agences, oscillant entre invisible, visible et dicible, montrent et dissimulent des femmes à qui on enlève a priori la possibilité de pouvoir croiser le regard de l’Autre.
Dans cet article « Genre, exil et persécutions » Fabienne Le Houérou, chercheur(e) au CNRS, s’appuie sur deux terrains au Darfour et au Tibet pour interroger la catégorie « vulnérabilité féminine » dans les situations de conflits ou de massacres ethnocidaires. Elle s’appuie sur son dernier film « Les sabots roses du Bouddha » (26 minutes-CNRS-Images).
Claire Fourçans rappelle, à travers plusieurs exemples de procès (Tribunaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, République démocratique du Congo…), l'évolution de la répression par les juridictions pénales internationales et montre l'extrême difficulté à rendre compte du caractère planifié au plus haut niveau de certaines violences faites aux femmes.